Quel est ce feu qui pousse Don Giovanni à séduire, à soumettre, à conquérir les femmes une à une, avec la fièvre et la froideur du prédateur ferrant sa proie, à poursuivre à travers elles un obscur objet qui toujours se dérobe à lui ? Après Les Noces de Figaro (1786) cet opéra est la seconde collaboration de Mozart avec le librettiste Da Ponte, suivra en 1790 Così fan tutte.

A l’aire de #metoo le metteur en scène belge, Ivo van Hove, offre un Don Giovanni bien sombre, prédateur qui abuse de son pouvoir sexuel, émotionnel, social et même économique. Mais ce Don Giovanni nous conte d’autres histoires d’amour, dont notre héros obsédé est le révélateur : Donna Anna et Don Ottavio, Zerline et Masetto, Donna Elvira et Leporello. Situés dans un décor de piazzetta italienne déserte, aux structures dignes des tableaux de Chirico, hantées par la nuit, les chanteurs évoluent dans une mise en scène inventive et sobre laissant parler l’intensité de la musique dirigée d’une main de maître par Philippe Jordan et interprétée par des stars lyriques françaises. Un opéra sur grand écran en pure élégance et raffinement.